mardi, janvier 31, 2012

Sommières; Presque un demi siècle dans la Grand rue ou les souvenirs d'un commerçant de l'époque 1

Une vieille carte postale de la rue..
Chaque fois que je me rends à Sommières et que je passe dans la rue A.Paris je ne peux m'empêcher de "retourner" plus de 50 ans en arrière en essayant devant chaque boutique de me remémorer les noms ou les activités des anciens propriétaires.
Il faut dire que dans les années cinquante la G.R. était l'artère la plus commerçante de la ville. une rue où l'on trouvait tout ! ( comme les temps ont changé!) Si j'ai oublié la plus part des noms de la centaine de commerçants dont j'arrive à me souvenir certains visages ont cependant marqué la vie et l'animation de cette rue.
QUI ne se souvient pas de Mme Sedat, du pharmacien Bessières,de Delphine la boulangère, des demoiselles Milleret, d'Elise de la chevaline ou du coiffeur Joseph Furazano dit "La tulipe" ?
Alors des histoires et des anecdotes, je pourrais en raconter......
Lorsque j'ai débuté, le marchand de chaussures le grand père Salem m'a dit : "A Sommières je suis le plus vieux commerçant et toi tu es le plus jeune." La première recommandation savoureuse que j'ai reçue de ma voisine lorsque je me suis installé en ayant pris la suite de ma grand mère:"Petit, dans le commerce il faut savoir "voler" le client honnêtement !
Le pharmacien était un bon vivant et il ne manquait aucune occasion de faire des blagues . Comme il y avait à l'entrée de la rue un cordonnier immigré qui ne devait pas être très net avec la police quelques fois Bessières lui disait :" Raffau il y a deux types en gabardines avec des serviettes qui te cherchent"...et de deux jours l'italien disparaissait ! Une autre fois un lundi matin alors qu'un jeune (habitué certainement) s'apprêtait à pénétrer dans l'officine lui dire: "Alors où tu as encore choppé une pisse chaude ?"rentre Yves (le préparateur) te donnera du permanganate !


photo: Le pharmacien devant sa porte 1958
A côté, la pâtisserie Vedel . La patronne une petite femme boulote qui n'avait pas la langue dans sa poche.Un jour un couple de touristes entre dans la pâtisserie et après un bref regard ressort en disant tout bas "il n'y a pas grand choix' La mère Vedel les accompagne et au beau milieu de la rue devant tout le monde s'adresse à la femme :"Dites vous l'avez acheté où votre chapeau, à Paris?Hé bien il ne devait pas y avoir le choix non plus...parce qu'il n'est pas beau et vous faites rire "!

La droguerie :Boudon /Mouret 1960

Delphine la boulangère .
Un peu plus loin , le marchand de vin . Et je revois encore ce gros bonhomme adossé contre un demi-muid devant sa porte .Lui ? lorsqu'il remplaçait son épouse, pour servir les clients il prétextait que le robinet du tonneau fuyait pour remplir les bouteilles en siphonnant le vin à l'aide d'un tuyau en prenant soin _au passage_ de s'en envoyer une paire de gorgées au fond du gosier , et le soir il ne tenait plus debout; mais le plus fort c'était que son épouse affirmait que son mari ne buvait jamais de vin...à table !
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Près d'un demi siècle dans la grand rue ....ou les souvenirs d'un commerçant de l'époque






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(photo: un samedi dans la Grand'rue 1990) Un autre souvenir encore plus vieux celui -là : C'est celui de ce charcutier que l'on appelait LE Piv; sur la porte de sa boutique quand il ne vociférait pas des insanités aux passants ou qu'il ne se curait pas les dents avec son grand couteau, il avait un grand plaisir à cracher en roulant à grand bruit au fond de sa gorge des "mollards" qu'il expédiait de l'autre côté de la rue !
Une autre anecdote ; A cette époque il y avait à l'entrée de la rue une succursale des "économats du centre" et le gérant un dénommé RAFFARD sortait tous les matins une montagne de caisses vides pour faire croire qu'il vendait beaucoup.....et le soir , il rentrait le tout jusqu'au lendemain !
Pus récentes celles-là : Matillo le fabricant de sandales qui l'a.m. affichait sur sa porte : "Je reviens dans 5 minutes" et qui partait fureter à la Coustourelle. Alors lorsque Carmen s'en apercevait, à son retour on rigolait .
.....Et la serveuse du restaurant l'Oustalou ? Quand un client (un homme bien sûr) lui demandait si au menu il n'y avait pas un supplément, elle lui répondait en souriant tout en affichant son opulente poitrine en avant: "SI" il y a moi !








1995 commerces dans la grand'rue ;
Encore un plus récente ...."BOUDIN" un pensionnaire de la maison de repos qui presque tous les jours s'éclipsait des jardins de l'hospice pour aller boire un verre à la sauvette en passant par les rues basses . Comme je savais qu'il n'aimait pas les "curés" je lui disais "dépêche toi tu vas manquer les vêpres" et chaque fois il entrait dans une colère folle. Jusqu'au bas de la rue il hurlait un chapelet de grossièretés à l'encontre de la religion , sauf qu'un jour il se trouva nez à nez avec une soeur qui sortait de la pharmacie . Alors à part de se mettre à genoux au milieu de la rue ....






Vieille photo de la famille Rey/Pouvil de la boucherie chevaline
Mais j'ai gardé pour la fin la multitude de souvenirs que j'ai de ma voisine l'épicière Mme Sedat : ça c'était une commerçante! et à côté d'elle j'en ai appris beaucoup ....
Dès sept heures du matin, hiver comme été, elle était devant sa porte, rangeant ses cageots, mouillant ses légumes (humides ils pèsent plus!) et surtout saluant les passants toujours avec le même boniment "bonjour, aujourd'hui il va faire beau" et suivant le cas si c'était une connaissance d'ajouter :"qu'est-ce que vous avez pour dîner? tenez j'ai reçu de belles tomates achetez-les, c'est très bon pour la santé "
Combien de fois fois l'ai-je entendu annoncer à haute voix en pleine rue :" 1kg de fraises 6 frs, un chou 3 frs, un paquet de poireaux 3 frs et un melon 4 frs total 18 frs, allez je vous donne une orange pour le petit ...." et j'ai rarement vu un client lui dire que 6+3+3+4 cela ne faisait pas 18 mais 16 frs . Trop contente de cette bonne manière, la ménagère n'y faisait pas attention !





La grand rue vers la place du marché 1989
Une autre astuce que j'avais remarquée: Elle disposait sur son étalage côte à côte deux cageots de tomates les mêmes , mais l'un étiqueté à 3frs le kilo et l'autre à moitié vide à 3 frs 20 . Et comme par hasard ces dernières étaient meilleures et se vendaient mieux .
A propos de l'étalage, si à l'époque la législation sur les prix n'était pas très regardante, elle affichait bien entendu le prix sur chaque article,rien d'autre, car pour elle il s'agissait soit du prix au kilo, de la livre...ou de la pièce et ça.... suivant la tête de l'acheteur !
Que de bons vieux souvenirs , et comme le temps passe .
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