C'est en parcourant comme tous les samedis le marché de Sommières, que j'ai eu l'agréable surprise de découvrir ce sympathique stand : DU SAVON FABRICATION MAISON avec de l'huile d'olives, de la terre de Sommières .... et . QUELLE BONNE IDEE et que de vieux souvenirs pour moi !
C'était pendant l'occupation et comme pour la nourriture il était difficile de se procurer du savon mon père connaissant le responsable du Moulin à huile de Villevieille c'était renseigné sur les heures et les jours où l'on effectuait le nettoyage et la vidange des pressoirs car c'était au cours de cette opération que toutes les boues, détritus et graisse des olives étaient évacués dans le ruisseau qui descend de la route Nîmes et qui rejoint Pisseseaume (actuellement chemin derrière Lidl )
C'est alors que nous allions en famille récolter cette vase qui bien entendu flottait sur l'eau du ruisseau. Le travail de mon père consistait à mettre quelques roseaux en travers du ruisseau afin de retenir cette crasse puis à l'aide d'une passoire mon grand frère la récupérait et ma mère la mettait dans une lessiveuse.
Moi je devais rester sur le chemin loin du ruisseau afin de surveiller l'arrivée ...de ces trésors !
A la maison, ma mère faisait cuire cette boue après l'avoir mélangée avec de la soude, d'autres ingrédients et de la terre de Salinelles puis faisait sécher cette mixture pâteuse de forme approximativement cubique sur le haut de la cheminée pendant de longues journées, et , si j'ai oublié cette horrible odeur, je me souviens très bien du jour où à la suite d'une mauvaise manipulation la préparation s'est enflammée.
Cependant, pour moi le souvenir de cet hiver 42/43 c'est un jour où il faisait très froid, ayant désobéi, j'ai glissé et je me suis retrouvé dans l'eau glacée et la vase au milieu du ruisseau : ma mère les bras au ciel en me voyant dans cet état ...et mon père furieux à cause de cette récolte perdue .
MAIS , au retour à la maison, avec "LA ROUSTE" que je me suis pris, je ne risquais pas de prendre froid
Quant à ma cinquantaine d'années passée dans le grand-rue, j'en ai vendu du savon, du lessif pour les olives ou de la terre de Salinelles comme disaient les anciens et , j'ai été le premier à commercialiser la terre de Sommières en sachets ou en petites boites malgré les " remarques et réflexions désobligeantes de certains salinellois me disant que je n'avais pas le droit " En fait cette appellation vient du fait qu'à l'origine la terre était exclusivement expédiée de la gare de Sommières
Et pour terminer, un dernier souvenir de cette enfance ....Alors que les vols d'huile d'olives étaient fréquents pendant la guerre, un après midi nous avons vu les gendarmes venir interpeler un voisin qui habitait dans la maison d'en face . IL N'AVAIT PAS EU de "BOL" : le bidon dans lequel il avait volé l'huile était légèrement percé ....et les gendarmes l'avaient suivi à la TRACE !