mercredi, avril 11, 2007

LE MARECHAL FERRANT

Oui plus de soixante ans après j'ai reconnu cette odeur ....

En rentrant de promenade l'autre jour, en pleine campagne j'ai senti une odeur particulière, une odeur qui me rappelai quelque chose que je n'avais jamais oublié.... Rien à voir avec ces odeurs de gasoil, ou de pots d'échappements auxquelles nous sommes journellement habitués, là c'était une odeur « rare », une odeur de mon enfance....

Au coin du pré, quelle belle surprise, à l'ombre des chênes le « maréchal ferrant » était à l'oeuvre. Il était entrain de « ferrer » un cheval du mas, lequel attaché à un pieu se laissait faire sous le regard très intêressé d'un petit enfant... et ce petit enfant c'était moi, moi il y a bien longtemps.

A l'époque où, comme lui, je m'arrêtais chaque fois que je passais sur la place du Bourguet juste devant la forge du maréchal ferrant.

J'étais fasciné par cette atmosphère, le bruit régulier du marteau sur l'enclume et la gerbe d' étincelles projetée autour du métal rougi ainsi que cet énorme soufflet actionné manuellement par un jeune apprenti...et puis aussi et surtout par tous ces chevaux qui attendaient leur tour pour être « chaussés ».

Je m'adossais au grand platane et n'en « perdait pas une » : Le gros tablier de cuir du père Bourguet, sa grosse tenaille, cette espèce de grosse lame « le tranchet » avec lequel il taillait la corne des sabots comme on appointe un crayon! Mais le moment le plus sublime, était lorsque le fer brûlant était présenté au sabot du cheval et qu'un nuage de fumée blanche envahissait la place avec une odeur acre de corne brûlée qui se répandait jusqu'à « la Coustourelle ». Souvent l'animal apeuré se cabrait en poussant un long hennissement.

Tout autour de l'animal, un groupe d'hommes-toujours les mêmes-des habitués amoureux des chevaux et des oisifs du village venant se chauffer auprès de la forge.

Je me souviens très bien du « Piv » qui « mollardait à trois mètres » après chaque phrase.... du gros Roque dit le Ténor, du « panard de Planchon » qui ne pouvait pas faire quelques commentaires sans y incorporer quelques jurons ou de Bergès « l'escoubiaïre» dont les claquements de son fouet et les coups de gueule résonnaient dans toute la place....

Ma mère n'aimait pas que je m'attarde à cet endroit. C'est vrai que les conversations de ces hommes n'étaient pas toujours très « catholiques » et chaque fois j'enrichissais mon vocabulaire de quelques « gros mots » supplémentaires !

Il n'y a plus de maréchal ferrant ni de chevaux sur la place aujoud'hui. Cette place que je voyais immense lorsque enfant je la traverssais à pied n'est finalement qu'un petit parking où stationnent une dizaine de voitures.

Aussi, le fait de rencontrer au milieu de la campagne un acteur de ce vieux métier aujourd'hui pratiquement disparu m'a procuré un immense plaisir .

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